Les mots qu'il faut
2011-2012

 

"drastique" et "draconien"
 
Les dirigeants d'entreprise décident parfois d'adopter des mesures (drastiques ou draconiennes?) qui ne servent au bout du compte qu'à inquiéter le personnel et non à améliorer le rendement. Dans l'exemple précédent, on écrira de préférence des mesures draconiennes.
 
Autre exemple récent et plus personnel qui m'est passé par la tête lors du dernier Brunch des Retrouvailles (un très beau succès soit dit en passant)  en écoutant les demandes de recrutement par la nouvelle présidente de notre conseil sectoriel. Peut-être  celui-ci sera-t-il dans l'obligation de mettre de l'avant certaines mesures draconiennes...
 
L'adjectif "draconien" signifie " d'une excessive sévérité" est synonyme de "radical", "énergique", "rigoureux" et tire son origine du nom de Dracon, législateur d'Athènes, réputé pour sa sévérité.
 
L'adjectif "drastique" se rapporte à la médecine et signifie" qui exerce une action très puissante". En ce sens, on peut parler de " purgatif drastique". Toutefois, on commet un anglicisme lorsqu'on qualifie des mesures, des lois ou des moyens de drastiques.
 
Source: Office Québécois de la langue française
Pierre Laflamme-Gosselin, 9 septembre 2011
 
P.S. Je souhaite sincèrement à Denise et son équipe de réussir à combler le plus de postes possible.

Capital politique
 

La locution se faire du capital politique est un calque de to make political capital. On la remplacera par exploiter à des fins politiques, favoriser ses intérêts politiques ,se gagner des avantages ou des faveurs politiques.

 
Pierre L. Gosselin, 3 octobre 2011
 
P.S. Nous en avons de très bons exemples au Québec avec tous les partis même ceux en devenir...

ADDENDA  à drastique
 

Le nom "drastique"signifie un purgatif puissant et quand il est employé comme adjectif il est considéré comme un anglicisme qu'il faut remplacer par "draconien, énergique, rigoureux",etc. Exemple: Il faudra prendre des moyens draconiens (et non "drastiques") pour freiner la hausse des prix de l'essence...


Parapher ou initialer
 

L'anglais a tiré de son substantif initial le verbe transitif to initial, qui exprime l'idée "d'apposer, inscrire ses initiales sur ".  Le calque anglais (initialer) souvent employé dans ce sens est une faute. Ce verbe n'existe pas en français. "Signer de ses initiales" se dit parapher. Toutes les pages du contrat du travail doivent être paraphées ( et non initialées).

 
Pierre Laflamme-Gosselin, 13 octobre 2011

Été indien
 

Bien sûr, vous savez que l'été indien ou l'été des indiens, au Canada, est la période de quelques journées exceptionnellement chaudes et ensoleillées rappelant l'été et survenant en automne après les premiers froids. Dernièrement nous en avons tous savouré un superbe été indien autour de l'Action de Grâces.

 

Mais savez-vous qu'en Europe, le terme employé pour désigner cette notion varie en fonction de la période ou du lieu (région)? Ainsi, en France, cette période correspond à l'été de la Saint-Martin (11 novembre). Et pour nous, en attendant le Jour du Souvenir, profitons du prochain week-end qui s'annonce assez beau, avec les températures de la saison mais ça ne sera pas un autre été indien. Consolons-nous en ramassant nos feuilles.

 
Pierre Laflamme-Gosselin, 27 octobre 2011

Il y a niveau... et niveau!
 

L'expression " au niveau de" est abondamment employée, tant à l'oral qu'à l'écrit.  Toutefois, cette expression est bien souvent utilisée de façon fautive. Il ne faut pas employer" au niveau de" dans le sens de, en ce qui concerne, à propos de, du point de vue de, dans le domaine de, en matière de, dans, en ce qui regarde, en ce qui a trait à, relativement à, au sujet de ou par rapport à. On dira donc "en ce qui a trait à mes intérêts" plutôt que "au niveau de mes intérêts". Employée correctement, l'expression " au niveau de" suppose toujours une comparaison.

 

----- Au sens propre, cette expression signifie " à la hauteur de" ou " à la portée de". Ex.: Cette ville est sise au niveau de la mer.

----- Au sens figuré, elle exprime" l'élévation comparative des choses abstraites". Ex.: Cet élève n'est pas au niveau de sa classe.

 

Source: Guide d'aide à la rédaction du ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport.

 
Pierre Laflamme-Gosselin, 9 novembre 2011

Home staging
 

Vous avez sans doute entendu parler de home staging, une opération dans le domaine de l'immobilier qui, selon l'OQLF, consiste à rendre une propriété accueillante et attrayante tout en lui conservant un aspect neutre, et ce, dans le but de la vendre plus rapidement et à meilleur prix. Alors, pour contrer l'emploi de l'expression anglaise home staging, l'OQLF a retenu quelques équivalents français déjà en usage, dont valorisation immobilière, valorisation résidentielle et mise en valeur de propriété.

 
Pierre Laflamme-Gosselin, 23 novembre 2011

Identifier

Le verbe identifier est souvent employé à mauvais escient. Il n'a pas, entre autres, le sens d'"indiquer son identité". On se s'identifie pas, mais on donne son identité, on se nomme, on se présente. De même, pour nommer une série d'éléments, on évitera d'employer le verbe identifier, et on aura plutôt recours à l'un ou l'autre des verbes suivants, selon le contexte: nommer, citer, indiquer ou énumérer.

 

Également, le verbe identifier constitue un anglicisme dans les utilisations suivantes: on n'identifie pas nos priorités, nos objectifs, mais on les détermine, on les établit ou on les définit. De plus, on ne dit pas que les études de marché permettent d'identifier les goûts des consommateurs, mais qu'elles permettent de déceler ou de découvrir leurs goûts. Enfin, on ne doit pas identifier les correctifs les plus urgents, mais on doit les proposer, les recommander ou les suggérer.

 

Source: Gaétane Boisvert Bellemare, secrétaire du Conseil sectoriel AREQ 04G, les bonnes notes... Mars 2009

 

N.B. Une bonne amie quilleuse m'a dit que le verbe" performer" n'existait pas en français et c'est sans aucun doute exact mais je vais y réfléchir sérieusement surtout en tenant compte de mes "performances" en dents de scie aux petites quilles durant le mois de novembre 2011.

 

Pierre Laflamme-Gosselin, 30 novembre 2011


Performer

Domaine(s):- gestion  - sport

français                                                                                                       Équivalent(s)

performer V.                                                                                               English perform, to  

 

Définition: Réaliser une performance,  réussir d'une manière remarquable dans un domaine donné.

Note(s):

Le verbe performer, utilisé en français, est un calque morphologique du terme anglais to perform, lui-même emprunté à l'ancien français parformer.  C'est  surtout dans la presse sportive que performer s'emploie au Québec, Il est plus rare en français européen, où l'on trouve toutefois des attestations  du terme dans le domaine des techniques commerciales. Même si cet emploi est encore critiqué dans certains ouvrages correctifs, cet emprunt est  acceptable en français. Le champ sémantique de performer est celui d'une famille ancienne, productive, aux dérivés corrects: le substantif performance est dans la langue depuis 1839, l'adjectif performant est largement admis. De plus, cet emprunt s'intègre facilement sur les plans orthographique et phonétique.

 

Les expressions s'accomplir, se surpasser, briller, donner un bon rendement ne sont pas des synonymes de performer. Toutefois, elles restent tout à fait appropriées dans certains contextes où les situations ne sont pas associées à la compétition, à l'exploit ou à la réussite remarquable.

 

Sources:

- Office québéçois de la langue française, 2004

- Le Petit Larousse Illustré, 2006

- PASSWORD, English Dictionary for speakers of french, Modulo Editeur 1989

 

Collaboratrices: Mesdames Mariette S. Shore de son offre de pistes sérieuses doublée d'un support indéfectible  et Louise Fortier de l'OQLF pour son aide précieuse et précise.

 

Pierre Laflamme-Gosselin, 14 décembre 2011

 
P.S. Je profite de cette dernière chronique de l'année 2011 pour souhaiter à toutes mes lectrices et lecteurs de très Joyeuses Fêtes et une Bonne Année 2012.

Pas d'admission ou accès interdit ?

On connaît la signification générale du terme admission. En effet, et selon l'Office québéçois de la langue française ( OQLF), une admission, c'est l'action d'accepter quelqu'un ou le fait d'être accepté  dans tel ou tel milieu, dans une société, un club, une fonction ou à un concours. Cependant, s'il exprime le fait d'admettre, le substantif admission a une application plus restreinte que le verbe; il n'a pas la sens anglais "d'entrée physique dans un lieu", ni celui de "reconnaissance", "d'aveu".

 

Alors, on dira:

L'entrée ( et non l'admission) au spectacle est gratuite.

L'entrée ou le prix d'entrée ( et non le prix d'admission) est de 10$ pour les gens de l'AREQ ou encore de l'Âge d'or.
Sur la porte, on pouvait lire l'affiche suivante: entrée interdite ( et non: pas d'admission).
Interdit au public, entrée interdite sans autorisation ou accès réservé aux personnes autorisées ( et non: pas d'admission sans affaires).
La reconnaissance ( et non l'admission) de ces faits l'a mené en prison
 

Pierre Laflamme-Gosselin, 13 janvier 2012

 
P.S. Je m'excuse pour la parution un Vendredi 13 mais comme le disait souvent l'ancien premier ministre Jean Chrétien: "Que voulez-vous ?"  mais je ne suis pas vraiment superstitieux.

Bi, bibi, bis
 

bi, symbole chimique de bismuth ( métal d'un blanc gris rougêatre)

 

bibi:  1. n.m. Fam., vieilli. Petit chapeau de femme.

         2 pron. Pop. Moi ( considéré à la troisième personne) comme par exemple: C'est bibi qui fait ça.                              

 

bis, adv., ( lat. bis, deux fois). Une seconde fois

 

bisannuel, elle      adj. Qui revient tous les deux ans. SYN.: biennal

 

semestriel, elle     adj.  Qui a lieu tous les six mois comme par exemple une assemblée semestrielle ou encore la visite                                  

                                     de son médecin de famille "bis" (deux fois par année) ce qui est de plus en plus rare en 2012...

Pierre L. Gosselin, 25 janvier 2012

 

P.S. J'ai dû sortir de mon cadre habituel mais il s'agissait d'une urgence en rapport avec le 2e conseiller Gilbert Lahaye et tu avais raison l'ami Gilbert.


Résident ou résidant ?

 

Les dictionnaires et les ouvrages de langue ne s'entendent pas sur la façon d'écrire le nom qui désigne une personne qui réside en un lieu donné. Certains consignent une orthographe, d'autres une autre: donc, on a le choix!

 

Résident est dans la lignée de résidence et résidentiel, et résidant est formé comme habitant.  Dans les contextes administratifs, l'Office québéçois de la langue française recommande cependant d'écrire résident lorsqu'il s'agit du nom ou de l'adjectif et résidant si c'est le participe présent.

 

Pierre Laflamme-Gosselin, 9 février 2012

 

P.S. Joyeuse Saint-Valentin à vous tous aréquiennes, aréquiens et ami(e)s quel que soit l'endroit où vous résidez!  Rappelons-nous que la beauté réside bel et bien dans l'oeil de celui qui regarde.


ADDENDA à Bi, bibi, bis
 
Bisannuel, elle   adj.
 
1.  Qui revient tous les deux ans.
2.  Se dit d'une plante qui vit deux ans
Source: MICROROBERT, Dictionnaire du français primordial, 1971.
 
Biennal, e, aux    adj.
 
1.  Bisannuel
2.  Qui dure deux ans. Charge biennale.
Biennale n.f. Exposition, festival organisés tous les deux ans.
Source: Petit Larousse illustré, 1989.
N.B. Une rencontre de réflexion en condition féminine, aussi appelée la Biennale des femmes, se tiendra les 3 et 4 avril prochain. La conférence aura lieu à Montréal, au Centre Mont-Royal (centre-ville).
 
Pierre Laflamme-Gosselin, 19 février 2012

La beauté du passé simple...
 
BIS avec un spécial Les mots qu'il ne faut pas...  très exceptionnellement en cette année bissextile et l'idée m'est venue en relisant le texte du programme Subtilités de l'ex-présidente du secteur Aline Godin que je remercie et en particulier pour le début et la fin de son propos:
 
                     "Se put-il que déjà vous le sûtes ?...
                           Vous faillîtes ne point lire ces
                           subtilités de la langue française.
                           Ce jour vous le pûtes."
 
Ah! Cette belle langue que nous aimons tant!...   suite
 
Pierre Laflamme-Gosselin, 29 février 2012

Rebattre les oreilles
 
Il existe une expression colorée pour signifier l'idée de "répéter inlassablement" qui est: rebattre les oreilles. Ainsi, on rebat ( et non rabat) les oreilles à quelqu'un de (et non avec) quelque chose. Par exemple, on dira que Normand lui rebat les oreilles de ses conseils.
 
À ne jamais confondre avec rabattre comme dans l'expression "rabattre le caquet à quelqu'un: le faire taire, le remettre à sa place" C'est exactement ce qu'a fait, avec raison d'ailleurs, la présidente Denise au déjeuner mensuel d'hier ( devant plus de 40 témoins) disant gentiment à votre humble chroniqueur de bien lire " les bonnes notes..." avec encore plus d'attention.
 
J'en prends bonne note. Merci beaucoup car j'ai sincèrement apprécié et même presqu'autant que la très respectueuse minute de silence pour notre ami Augustin Poirier.
 
Pierre Laflamme-Gosselin, 15 mars 2012

Mettre l'emphase ou mettre l'accent sur ?
 

L'expression mettre l'emphase sur constitue un anglicisme, selon l'Office québéçois de la langue française (OQLF).  Ainsi, on pourra remplacer cet anglicisme par des expressions comme mettre l'accent sur, insister sur, mettre en relief, souligner, faire ressortir, attirer l'attention sur, mettre en évidence, etc.

 
Pierre Laflamme-Gosselin  3 avril 2012
P.S.  Je souhaite à tous de très Joyeuses Pâques dimanche le 8 avril tout en vous rappelant que le trois fait le mois, le cinq le défait et le sept le refait.

LOCALISER
 
Ce verbe a deux significations. La première signifie situer avec précision, en parlant d'un phénomène. On peut dire, par exemple, " on affirme avoir localisé la mémoire dans le cerveau", "on a tenté de localiser l'hypocentre d'un séisme" ou " les médecins ont parfois de la difficulté à localiser un trouble dans les fonctions physiologiques".
 
La deuxième signifie limiter l'expansion, enrayer, en parlant d'une calamité ou d'un désastre. Ainsi, on peut dire "localiser une guerre" ou " l'épidémie a été localisée". On ne peut, par conséquent, dire qu'on va essayer de localiser une personne.
 
Pierre Laflamme-Gosselin,  22 avril 2012
P.S. Essayons chacun(e) à notre façon de "localiser" par de petits gestes quotidiens le Jour de la Terre à tous les jours de l'année.

SOURIRE
 
Depuis bon nombre d'années au Québec, le dernier mercredi du mois d'avril souligne la Journée nationale du sourire. Quel joli mot et quel beau geste que sourire!
 
Deux syllabes fort connues avec "sou" qui nous fait penser au sou noir ou encore "cenne noire" qui, comme on le sait, depuis le dernier budget fédéral, va finir par disparaître de sa belle mort... Bye bye cenne noire! D'accord, mais de grâce gardons le "sou" comme préfixe précédant le verbe rire pour former l'un des plus beaux mots de la langue française car il réchauffe les coeurs. C'est ça et nous avons le choix entre le nom commun sourire mais aussi le verbe qu'il fait bon conjuguer régulièrement comme ci comme ça: je souris, tu souris, il/elle sourit, nous sourions, vous souriez, ils/elles sourient.
 
Pierre Laflamme-Gosselin,    25 avril 2012

N.B. Comme le gouvernement invite les Canadiens à donner leurs sous noirs à des organismes de bienfaisance, j'invite toutes les aréquiennes et les aréquiens à le faire aussi en choisissant la Fondation Laure-Gaudreault. Et bien sûr, faisons-le en SOURIANT! Personnellement, je le ferai lors du  dernier déjeuner mensuel du 9 mai à 9 heures chez Maman Fournier.


«Grâce à»  ou «à cause de» ?
 
Bien sûr, les deux locutions prépositives «grâce à» et «à cause de» ont un sens commun qui selon l'Office québéçois de la langue française (OQLF), est celui de " qui produit un résultat". Mais la différence entre ces deux expressions est que la locution grâce à ne s'emploie que dans un contexte favorable, alors que dans un contexte défavorable on doit, entre autres, utiliser à cause de, en raison de ou par suite de.
 
Exemple: À cause de l'orage, j'ai dû porter des bottes de pluie, mais grâce à cela, mes pieds sont demeurés au sec.
 
Pierre Laflamme-Gosselin, 15 mai 2012

Gratis... ou gratuit
 
Le mot gratis vient du latin et relève aujourd'hui de la langue familière. On l'utilise comme adverbe: par exemple, on dit visiter gratis, stationner gratis, téléphoner gratis ou voyager gratis. Le mot gratis est ici synonyme de gratuitement. On utilise aussi le mot gratis comme adjectif: spectacle gratis, places gratis... Il est ici synonyme de gratuitement.  Du moins à l'écrit, on devrait préférer les mots gratuitement et gratuit au mot gratis.
 
D'autres formulations sont aussi utilisées pour exprimer la gratuité.  Pensons à gratos, franchement familier et qui fait maintenant partie du vocabulaire des plus jeunes.  Pensons également à l'expression sur le bras calquée sur l'anglais populaire ( slang) on the arm, pour signifier que l'on mange, boit, etc. aux dépens de, aux frais de quelqu'un ou de la maison.  Il faut donc éviter cet anglicisme..
 
Pierre Laflamme-Gosselin, 1er juin 2012
N.B. Cette 20e chronique est la toute dernière pour 2011-2012 et à l'an prochain si Dieu le veut... En attendant, continuons à partager notre sourire gratuitement!