Des brigades citoyennes

 

 

Pour celles et ceux qui seraient intéressées, intéressés en à en savoir davantage après la lecture de ce texte, une conférence après un dîner se tiendra à La Madone le 30 mars.

Dîner : 11 h 30

Conférence 13 h 30 à 16 h par Robert Jasmin

Coût : aucun. Gratuit

Veuillez donner vos noms à Aline Godin à l’adresse de courriel : aline.godin@tr.cogocable.ca ou à 379-5460.

 

Nous connaissons depuis belle lurette les brigadiers et brigadières scolaires qui veillent à la sécurité et au bien-être des enfants québécois. Mais un autre type de brigades vient de voir le jour dans le paysage du Québec: les Brigades d'information citoyenne (BIC). S'agit-il encore de sécurité ? En quelque sorte, oui. Ces nouvelles brigades ont vu le jour en juin dernier... au BIC, près de Rimouski. Plusieurs organismes communautaires et syndicaux en sont venus à la conclusion qu'il nous fallait nous protéger contre les offensives, pour ne pas dire les attaques frontales des promoteurs et acteurs du néo­libéralisme contre les droits humains. Nous parlons donc de sécurité et d'intégrité     « sociales ».

 

Dans tous les domaines, nous faisons face, en effet, à une négation des droits des citoyens de la part des nouveaux maîtres du monde, directement ou par l'entremise d'élus naïfs ou complices du néolibéralisme. La marche vers une marchandisation du monde ne s'arrête pas aux biens matériels. Voilà que les investisseurs avides de profit maximum lorgnent maintenant du côté des services: l'éducation, la santé et la culture se retrouvent dorénavant dans leur collimateur. C'est donc la défense du bien commun qui est en cause. L'ensemble des citoyens et des citoyennes ne peuvent résister à cet assaut que s'ils en ont les moyens politiques et nous croyons qu'ils en ont été dépossédés.

 

Les néolibéraux ont beau jeu lorsqu'ils ont devant eux une population soumise à un conditionnement qui fait des citoyennes et des citoyens, de simples consommateurs et consommatrices. Ce conditionnement des esprits a fait en sorte que même des victimes du néolibéralisme en sont devenues les défenderesses. Il n'a été rendu possible que par une désinformation systématique présentant l'ordre actuel des choses comme inéluctable et irréversible. Cette situation n'est pas propre au Québec, elle est la même partout dans le monde à des degrés divers. Mais c'est au Québec qu'il nous faut la subir.

 

C'est ce double constat, soit l'attaque frontale des droits humains et une population désarmée pour l'affronter, qui a poussé certaines personnes à trouver un moyen de redonner aux citoyens et citoyennes, les moyens de se prémunir et de lutter contre l'ordre néolibéral. Il s'agissait en somme de trouver une manière de rendre l'information accessible à partir d'une recherche citoyenne collective. D'où l'idée de brigades d'information citoyenne (BIC).

 

Lancée par le groupe ATTAC-Québec, prise en charge par une vingtaine de groupes et de syndicats réunis au sein de la coalition CAP-Monde et fortement aidée par des syndicats dont la CSQ, l'idée est devenue réalité en juin 2004 lors du lancement de la première brigade. Cent personnes venues de toutes les régions du Québec et d'âges très variés (des étudiants de cégep à des retraités) ont participé à l'élaboration d'un texte précisant la mission que se donnent les brigades. Il y est dit entre autres choses, connaissance constitue une richesse et que toute richesse doit être partagée. Il en va de même pour l'information. Seules des personnes dûment informées peuvent exercer valablement leurs droits et devoirs de citoyennes et de citoyens.

 

L'idée de la création de brigades ne pouvait se réaliser que si nous mettions à la disposition des brigades, des instruments adéquats pour décoder l'information. Ainsi avons-nous procédé à la création d'une trousse citoyenne. Il s'agit d'une petite boîte de carton du format d'un gros livre pouvant facilement loger sur un rayon de bibliothèque. Le contenu de cette boîte est le suivant: une cassette VHS qui présente le documentaire « L'État en question» conçu par le Syndicat de la Fonction Publique ainsi que le texte de la Déclaration des droits de l'homme de 1948 (ONU). Mais, principalement, la trousse contient quatorze fascicules relatifs aux effets du néolibéralisme sur tous les aspects de la vie en société (santé, éducation, culture, agriculture, femmes, travail, droits humains, environnement etc.)

 

Tous ces textes sont l'œuvre de femmes et d'hommes directement impliqués dans le sujet abordé par chaque fascicule. Ils et elles ont offert leur collaboration bénévolement, en toute solidarité. La trousse est donc une œuvre collective et elle est destinée à recevoir tous les compléments que les personnes qui s'en serviront jugeront bon d'y apporter. Car, paradoxalement, les brigades sont tout sauf de l'embrigadement. Ainsi la trousse est un instrument fabriqué par des personnes libres et elle est destinée à d'autres personnes libres.

 

Tout citoyen et toute citoyenne peut constituer une brigade avec les personnes de son choix dans son entourage. Ce peut être des amis, des camarades de travail ou d'études, des voisins ou même des membres d'un club sportif (c'est déjà le cas!). Les membres de la brigade peuvent visionner ensemble le documentaire (ou tout autre documentaire) et en faire le point de départ de commentaires ou de débats avant de procéder à la lecture et à l'examen des différents fascicules. Il n'y a pas de mots d'ordre, ni contrôle par qui que ce soit. Tout au plus les gens seront-ils invités à faire part de leur expérience sur le site qui doit prochainement apparaître sur la toile Internet.

 

Les membres d'une brigade seront aussi invités à inciter d'autres personnes à former leur propre brigade de façon à multiplier ces points de prise de conscience citoyenne. Ainsi, l'information, devenant objet de partage et de discussion, cessera d'être passivement reçue par des individus isolés et facilement manipulés. Car toute information partagée et échangée devient source de liberté et donc de démocratie.

 

Le néolibéralisme tente de nous convaincre, comme le disait Margaret Thatcher, qu'il n'existe pas une telle chose que la société et que dès lors, il n'y a que des individus. Cette affirmation ne peut qu'amener les néolibéraux à conclure que le bien commun n'existe pas.. À ces personnes qui veulent faire main basse sur ce bien commun qui appartient à tous et à personne en particulier, on ne peut qu'opposer la force citoyenne. Or, cette force n'est significative que si elle est informée. Les Brigades n'ont pas d'autres objectifs que celui-là. C'est à ce prix qu'un autre monde est possible.